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Primaires : fichez-nous la paix !

 
 
 

Jean-François Copé ouvre enfin, et avec la manière, un grand débat national sur le fichage des populations ! Avec la virulence du tribun populaire, et la droiture d’un Robespierre, Copé, que ses soutiens aiment appeler « J.F.C. », fustige 10 ans de sarkozisme policier : « Nous sommes en train d’assister à un véritable fichage politique des Français ». Même Ravachol n’aurait pas dit mieux. Bravo J.F.C. ! Il faut avouer que ça commence à bien faire, le fichage. Alain Bauer comptait 36 fichiers rattachés aux fonctions de police administrative et judiciaire en 2007, Delphine Batho et Jacques-Alain Bénistien en dénombraient 58 en 2009 : voilà un domaine où on est allé chercher la croissance avec les dents ! Je ne compte évidemment pas les fichiers illégaux sur les « gens du voyage », car on nous assure qu’ils ont été détruits (c’est vrai qu’on nous avait aussi dit qu’ils n’existaient pas, avant que la CNIL ne les découvre…). Il y en a pour tous les goûts, et avec des noms d'oiseaux tropicaux : le SIS (pour l'espace Schengen), le STIC (pour les « infractions constatées », avec un taux d'erreur de 25 % selon la CNIL…), le FAR (la bagatelle de 60 millions de fiches alphabétiques destinées à évaluer la dangerosité de la population ; auquel il faut ajouter le fabuleux « fichier de prévention des atteintes à la sécurité publique » qui répertorie toute personne de plus de 13 ans dont l'activité laisse penser qu'un jour elle pourrait troubler l'ordre public, même si elle n'a rien fait…), le FPNE (7 millions de personnes nées à l'étranger fichées)… et je passe sur le SALVAC, le GIPASP, le FNAEG, le « base-élèves », etc. Pour certains fichiers, parmi les plus virulents, les joyeux experts en renseignement ont cru devoir retenir des noms de femmes. Signalons le charmant « Cristina » (« Centralisation du Renseignement Intérieur pour la Sécurité du Territoire et les Intérêts Nationaux », fichier couvert par le secret défense et qui comporterait, pour mieux protéger notre doux pays, le suivi des relations du « surveillé »…), et le séduisant « Edwige » (« Exploitation documentaire et valorisation de l'information générale », permettant un fichage politique général), abandonné au profit d'un « Edwirsp » du même tonneau. Ce qui étonne un peu dans le cocorico libertaire de J.F.C., appuyé au demeurant par des défenseurs des droits de l'homme du calibre d'Eric Besson et Claude Guéant, c'est qu'il s'est manifesté contre un fichier qui n'existe pas ! Il dit que grâce à l'organisation de leurs primaires, les socialistes pourraient, malgré leur engagement contraire garanti par la CNIL, déterminer les sympathies politiques des administrés. Et ça, n'est-ce pas, ce serait bien dangereux. Dans sa plaidoirie admirable, en effet, le tribun Copé nous interpelle : « Quid de la maman qui vient demander une place de crèche dans une ville socialiste si elle n’a pas été se rendre (sic) pour voter à cette primaire ? Quid de l’agent municipal et de son avancement éventuel ? » Nom d'une faucille! Ça fout les jetons… Moi je pensais qu'une commission attribuait les places en crèche en fonction de critères sociaux objectifs. Je croyais aussi qu'on décidait de l'avancement des agents municipaux en fonction de leur ancienneté et de leurs mérites. Et voilà que j'apprends par le patron de l'UMP, maire d'une ville de 50 000 habitants, que ça ne marche pas comme ça ! Il y a de quoi flipper : le maire de ma ville est de droite et je n'ai pas la carte de l'UMP, sans compter que je suis connu pour mes activités syndical-communistes. Il a raison sur toute la ligne J.F.C. : supprimons vite les fichiers, et n'oublions surtout pas celui des adhérents UMP, ça m'arrange ! Il y a juste un truc qui continue de me préoccuper. Mon Maire de droite à moi, en effet, organise tout un tas de petits « happenings » à la mairie. Avec les camarades, y compris ceux qui bossent pour la municipalité, on n'y va jamais, histoire de pas se laisser embrigader. Or, pour reprendre le raisonnement limpide du maire de Meaux, mutatis mutandis, « Quid de la maman qui vient demander une place de crèche », « si elle n’a pas été se rendre »… à l'inauguration de la nouvelle « salle G. Pompidou » de la Mairie ? Bon allez, j'ai compris le message : cette année j'irai assister au feu d'artifice du 14 juillet avec les élus municipaux UMP ! Quant à la primaire socialiste, j'éviterai d'« avoir été m'y rendre ». Vous pourrez le constater, Monsieur le Maire, et me donnerez peut-être un petit coup de pouce, rapport au permis de construire que j'ai déposé l'an dernier… Ma cousine Camille, d'ailleurs, qui habite Meaux, n'ira pas non plus, mais elle demandera une place en crèche à la rentrée. Glop Lerouge Secrétaire de Section
 
 

Primaires : fichez-nous la paix !

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